Albert Camus

Certains hommes parlent pendant leur sommeil. Les conférenciers parlent pendant le sommeil des autres.

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.

Créer, c'est vivre deux fois.

Croyez-moi il n'y a pas de grande souffrance, de grand regret, de grand souvenir... tout est oublié, même un grand amour. C'est ce qu'il y a de triste dans la vie, et c'est aussi ce qu'elle a de merveilleux.

Dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons, on se fait un point d’honneur de la déloyauté, le réflexe a remplacé la réflexion, on pense à coups de slogans, et la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l’intelligence.

En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout.

Quand la démocratie est malade, c'est le fascisme qui vient à son chevet, mais ce n'est pas pour prendre de ses nouvelles.

Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé; il y a du malheur à ne point aimer.

L'atome n'est que le dernier refuge où l'être, rendu à ses éléments premiers, poursuivra une sorte d'immortalité sourde et aveugle.

La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.

La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.

Les tristes ont deux raisons de l'être, ils ignorent ou ils espèrent.

L'État peut être légal mais il n'est légitime que lorsque, à la tête de la Nation, il reste l'arbitre qui garantit la justice et ajuste l'intérêt général aux libertés particulières.

L'important n'est pas de guérir, mais de vivre avec ses maux.

On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une police.

On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.